filgaia a écrit :
Par contre faudra me dire pourquoi tu disais il y a quelques temps que le racisme en France n'existait pas et que maintenant tu en abordes dans ton très juste point numéro 5
Je vais répondre encore une fois, mais j'espère que ça ne refera pas une boucle tant ce thème est un des marronniers du oik ; j'y étais d'ailleurs revenu encore une fois, alors je vais m'y prendre autrement.
Si ma réponse devait relancer une boucle, alors je n'y participerai pas.
Je viens de la gauche.
Et je viens du rap.
C'est impossible de me faire la leçon du coeur. Je me suis construit sur l'antiracisme, la conscience socialiste et les idées humanistes.
Mon adolescence, c'est les reportages comme "On n'est pas des marques de vélo" de Jean-Pierre Thorn et "
La raison du plus fort" de Patric Jean devant lequel je pleurais systématiquement.
Je suis littéralement un HPI du early-rap français, je peux déclamer tous les albums de Fabe, MA3, Afrojazz, Oxmo etc, tout, par coeur. Toute la culture mixtape. Je pourrais faire un name-dropping indécent.
Je déclame tout "Détournement de son", "La rage de dire" et les autres, par coeur.
Je déclame "
Un brouillard sans fin" de Fabe par coeur, sans bafouiller.
Et tu sais quelle est la particularité de Fabe et de la scred' connexion par rapport à tout le reste du rap ? C'est de se désolidariser totalement de toute la racaillisation.
La particularité de Fabe, c'était l'obsession de la vérité.
Et cette obsession de la vérité, dire ce qui
est, ça l'amenait autant à dénoncer les malaises que les rappeurs merdiques qui se vautrent dans la racaillerie. Constante dénonciation de la délinquance, constant foutage de gueule des "faux", de ceux qui PARTICIPENT au mal. En validant le "bronzés = merdeux".
Les vrais ennemis, au sein du bon camp. Les sales idiots utiles. Son clash historique avec Stomy Bugsy et Booba, les 2 incarnant "la culture du gangster à 2 francs".
Ca traverse toute sa discographie, et celle de son posse. "Le réveil" de Koma aussi, dont le premier morceau m'arrache encore des larmes dans la gorge.
La conscience du mal des quartiers, on ne me la fait pas. C'est EN moi.
Seulement, non seulement la vie évolue, l'Histoire avance, mais aussi l'intelligence - normalement - se perfectionne. Et avec l'âge, arrivent les nuances.
Normalement.
Et le fait que la vie évolue implique que je me documente, que je lis, que je m'abreuve de choses qui ont considérablement nuancé les visions.
Et le fait que l'Histoire avance implique qu'une cité dans les 60s, ce n'est pas une cité dans les 90s et ce n'est pas une cité en 2023.
Et qu'on ne va pas se foutre de ma gueule : non, un pauvre basané avec une touffe frisée dans les 70s que l'on traite de "melon" alors qu'il cherche juste à bosser sur le chantier, ce n'est pas un lascar abreuvé à Skyrock et FF-nique-toooout qui kiff Scarface-Le-Parrain dans les 90s mais qui subit quand même une stigmatisation et une discrimination à l'embauche, et ce n'est pas une ordure humaine à mortier de 2023 qui flingue les bâtiments et enfonce une voiture dans la vitrine d'une boutique.
Aussi, pour le sujet sur lequel tu m'interroges, le racisme anti-maghrébins/anti-noirs des 70s, bête et méchant, qui n'était déjà pas le racisme de l'esclavage, justifié par la génétique et l'exploitation cynique, n'est pas le racisme considérablement amoindri des 90s (travail dû à la mixité imposée (on a tous eu nos potes blacks et rebeus au collège-lycée), travail dû à la culture (superstars noires, musique via Michael Jackson et le rap US, cinéma via Will Smith Denzel etc, mannequinat, les plus belles filles étaient les noires (R&B etc), sport via Michael Jordan Carl Lewis etc), travail dû à l'évolution sociétale, suprématie du rap), qui n'est pas...
...le racisme au 21eme siècle.
Le racisme au 21eme siècle, c'est peau de balle. Zoby.
Il existe, mais il est tellement insignifiant comparé, EN PARALLELE, à l'ensauvagement délirant de ce qu'il se passe en face, que ça revient à trouver choquant qu'une marmotte daigne sortir les griffes pour abîmer les trèfles pendant qu'elle se fait rosser par les ours sanguinaires.
=> ce que j'avais résumé en exagérant volontairement 1) par volonté humoristique 2) pour montrer
l'indécence qu'il y a à chouiner sur le racisme au 21eme siècle quand on voit 1) les progrès incroyables qu'il y a dans ce sens 2) l'ensauvagement stupéfiant de notre société, en disant "le racisme en France, ça existe pas". Ou "on en voit jamais", ou je sais plus quelle formule j'avais faite ; formule qu'on était censé comprendre totalement lorsqu'on lisait mon post dans sa globalité, et que tu avais pourtant compris sur le moment avant de te rétracter.
J'ai une tendresse pour les maghrébins qui se voient stigmatiser dans leur Islam, qui bossent normal - même s'ils cassent les couilles à marchander tôt aux vide-greniers pendant qu'on est encore en train d'étaler è_é -, et les noirs sympas qui vont se faire recaler à l'entretien alors qu'ils avaient validé le diplôme tout bien et dans ma vision économique des choses - la seule qui vaille, la vraie, encore et toujours - j'aimerais que "du boulot pour tout le monde" apaise toutes les communautés et nous lient les uns les autres ; mais les animaux qui tirent des feux d'artifices et détruisent nos villes en 2023 n'ont que foutre de CDI et n'ont aucune ressemblance avec ceux qui voulaient juste bosser dans les 90s.
En espérant ne plus voir ressurgir ce marronnier,
Cordialement.